Un récit dur, mais jamais moralisateur.
Roman graphique / BD – 264 pages
Année de publication : 2025
Pourquoi je vous en parle de Sibylline ?
Il y a des récits qui frappent, qui dérangent, qui interrogent — et qui, justement, méritent d’être partagés. Sibylline en fait partie. Il explore sans détour l’entrée d’une jeune femme dans le monde de l’escort, entre pression économique, solitude, injonctions sociales et perte de repères.
Ce que j’ai trouvé remarquable, c’est à quel point la BD te fait presque comprendre ce choix — même s’il dérange, même si tu n’y adhères pas. On ressent l’ambiguïté, la vulnérabilité, la tension entre liberté et piège.
Et ça, c’est précieux. Parce que dans le soin, dans l’écoute, il faut parfois apprendre à accueillir des réalités qu’on ne connaît pas, ou qu’on ne comprend pas tout de suite.
L’histoire : entre survie et ambiguïté
Raphaëlle arrive à Paris pour ses études. Elle rêve de liberté, d’indépendance, de grands projets. Mais très vite, la réalité économique la rattrape : un petit appartement, des frais imprévus, et la difficulté à tout concilier.
Un jour, une proposition inattendue. Un homme d’âge mûr, de l’argent facile… un échange, juste une fois. Puis deux. Puis encore…
Pour ouvrir le dialogue…
L’autrice parle d’un sujet tabou : celui de la prostitution étudiante. Mais au-delà, il aborde aussi la question du consentement, du rapport au corps, de la honte… et de ces moments où l’on ne sait plus si l’on agit par choix ou par contrainte.
Dans ma pratique, je rencontre parfois des patient·es dont le corps porte encore la trace de ce qu’ils ont vécu — sans que ce soit toujours verbalisé. Pressions, silences, dissociation… Le corps, lui, n’oublie pas.
Sibylline est une lecture difficile, mais nécessaire. Elle invite à sortir du jugement, à questionner notre regard, et à entendre ce que beaucoup vivent en silence.